lundi 30 mai 2016

Bref, j'ai écrit à Barack Obama

Il faut que je vous raconte une histoire. Il y’a de ça a  peu près trois ans, j’avais rencontré un très jeune homme, qui faisait voler des drones, avec lesquels il filmait les villes depuis le ciel. C’était le tout début et je l’avais interviewé, parce qu’il venait de créer sa société afin de pouvoir les commercialiser. Il avait 18 ans.

Il y’a quelques jours, alors que je regardais ma page Facebook, je vois passer sa photo. Il était écris, qu’il avait été contacté par la NASA pour participer à un concours. Il prenait donc l’avion, direction Cap Canaveral, avec je-ne-sais quel projet en poche. J’ai montré ça à mon ado, qui a été scotchée. Les jours passants, nous avons revu passer des images de ce jeune : la première disait qu’il était dans le top 10 du concours et la seconde le montrait avec un trophée.

Ce qu’il a fait ou gagné importe peu, l’idée était de montrer à l’ado que rien n’est impossible. Elle qui, avec ses photos mettant en scène des Playmobil, a déjà eu des opportunités assez incroyables, a été plus que sensible à cette histoire.

Dans le cadre du brevet des collèges, qu’elle passe cette année, elle a eu un projet artistique à faire et à défendre devant un jury. Elle avait choisi une image de Norman Rockwell, "The Problem We All Live With", qui représente Ruby Bridges, la 1ere fillette noire à avoir intégré une école de blancs. C’était en 1960.

Un sujet, important, certes, mais qui a laissé mon ado perplexe. Oui, elle sait que les noirs ont été persécutés mais à part ça… pas grand-chose. De plus, pour elle (et pour les autres aussi) 1960 c’est déjà la préhistoire. Elle n’était donc pas très inspirée pour la production personnelle.
 
-          Bof, c’est vieux cette histoire, tu vois moi je voudrais faire quelque chose qui se passe maintenant.
-         Elle est morte Ruby Bridges ?

[Recherches effrénées sur le web] [Silence radio] [Houton ? On a perdu l’ado]
-         Bien sûr que non qu’elle est pas morte ! Elle est née en en 1954, elle a 61 ans ! Elle est plus jeune que papy et mamie ! [stupéfaction ! Elle est même pas vieille !] Haaaaaaaan, en plus tu sais quoi ?! En 2011, elle a été invitée à la Maison Blanche pour rencontrer Barack Obama ! Et il avait fait venir le tableau pour qu’elle le voie en vrai.
-         Barack Obama, qui est ?
-         Bin le président des Etats-Unis ! [soupir blasé, qui dit : mais t’es nulle ou quoi ?!]
-         Nan mais c’est le premier président noir des Etats-Unis !
-         Ah, oui… [c’est là qu’on voit que les gamins, pour eux c’est tout à fait normal, ils ne se posent aucune question]
-         Ça veut dire que Barack, qui, à une vache près, a le même âge que Ruby Bridges a été élu seulement 48 ans après. Ça veut dire aussi qu’en 48 ans tout a changé.
-         Voilà c’est ça que je veux montrer
-         L’évolution de la société ? Vaste projet
-         Nan ! Ruby qui rencontre Barack
-         Ah, ok…

Elle a dégainé ses fidèles Playmobil, m’a dégoté un superbe Barack, avec le costume et tout, et hop c’était parti.

Une fois la photo dans la boite :
-         On va la mettre sur Facebook.
-         Ouais, tu crois qu’il va la voir Barack Obama ?
-         J’en doute, mais cela dit il a surement une page Facebook… Ah, on ne peut pas poster dessus [pas con, le Barack]. Sur la page de la Maison Blanche non plus [tu m’étonnes !] Par contre j’ai vu quelque part qu’on peut lui envoyer un mail tu veux que je regarde ? [réponse affirmative] Bon j’ai envoyé un mail mais on ne peut pas mettre de photo, du coup c’est un peu con. On lui fait une lettre ?

La gueule du mec de la Poste quand je lui ai tendu l’enveloppe pour qu’il l’affranchisse….


Bref, j’ai écrit à Barack Obama.

Andréa no limit

dimanche 29 mai 2016

Il manque un mot

Chers Najat V.-B., Petit Robert, Bescherelle (ta mère), Julien Lepers, Maitre Gims et tous les intellectuels de bonne volonté.
        
Je voudrais solliciter votre aide car il manque un mot à la langue de Molière. Figurez-vous qu’il y’a de ça une quinzaine de jours, autour du 1er mai, alors que je patientais sagement chez le kiné, avec l’ado, il m’est venue l’idée de faire un petit courrier. Une sorte de récapitulatif de ces 4 années passées au cœur du système éducatif français. Il était destiné à l’Inspection Académique et, peut-être aussi, à toi Najat (il faut d’ailleurs que je me grouille car j’ai peur que tu ne sois plus ministre d’ici que j’ai fini de l’écrire). Mais dès les premières lignes, je me suis rendu compte que je n’avais pas de mot pour qualifier le cas de ma fille, qui je le rappelle, bien que je sois certaine que vous lisiez mon blog (comment ça quel blog ?!) a les trochlées plates.
Vous qui êtes supérieurement instruits et/ou intelligents, vous saurez sans doute, éclairer ma lanterne. Quel terme puis-je employer ?
-         Handicapée ? Elle n’a QUE les trochlées plates, du coup le mot semble un peu fort, non ?
-         Invalide ? Bof, moi je trouve que c’est un mot qui a une connotation un peu trop militaire.
-         Invalide intermittente ? Intermittente de l’invalidité ? Je cherche hein…
-         Empêchée de ? Inapte ?
J’ai beau chercher, je ne trouve aucun mot qui convienne à quelqu’un qui souffre d’une malformation des genoux. Nous sommes d’accord, vous et moi, pour dire que « malformée » n’est pas envisageable ?
Il est donc clair qu’il manque un mot spécifique.
Je vous laisse y réfléchir et poster vos réponses sur le blog.
Amicalement
Andréa, de A à Z

 

PS : Aujourd’hui cela fait une quinzaine de jours, que j’écris ce courrier. Je l’ai pensé, réfléchi, modifié, enrichi et puis, en le relisant, j’ai réalisé qu’il faisait plus de 20 pages ! J’ai peur que cela ne soit trop long pour un courrier et même pour une note de blog. Alors que faire ? Un livre ?

Gros mais pas gris !

Etre gros, c’est moche. « On » nous le dit dans les magazines, à la télé, « on » nous le dit en long, en large et en travers. Et pourtant, certains d’entre nous, s’obstinent à vouloir rester gros ! Un comble ! D’autant plus, que partout, « on » nous explique comme c’est facile de maigrir.

Je ne vois donc pas d’autre explications : nous, les gros, le faisons exprès. Probablement pour gâcher le panorama  des gens normaux.

Aussi, quand « on » m’a dit, cette semaine, que ma fille était trop grosse, j’ai suis passée par plusieurs phases…
-         Raisonnable : Oui, c’est vrai qu’elle a pris du poids
-         Complexée : OMG ! Elle va devenir comme ses parents !
-         Coupable : C’est tout de ma faute ! Je suis une mère de merde !
-         Agressive : T’as que ça à me dire bouffonne !
-         Pratique : En cas de vent, elle ne s’envolera pas…

J’étais en mode Cyrano et sa – fameuse – tirade du nez. Et, pendant que je me disais, que ce genre de réflexions « je me les sers moi-même, avec assez de verve, mais je ne permets pas qu’un autre me les serve », mes yeux se sont posés sur « on ». Et, je me suis aperçue qu’elle était grise.

Ça m’a rappelé un souvenir : quand j’étais enceinte, pendant une visite, on m’a envoyé voir une nutritionniste, qui m’a demandé ce que j’avais mangé pour le petit déjeuner. J’ai répondu : « deux croissants ». Et là, je me suis fait incendier ! Elle m’a dit texto que j’étais « une mère indigne » ! Je n’étais même pas encore mère que j’avais déjà tout raté. Ce constat anticipé m’avait fortement contrariée. De retour dans le cabinet de la gynéco, et alors qu’elle me demandait comment c’était passé le rendez-vous, je me souviens lui avoir répondu qu’à choisir, je préférais rester enrobée, que de ressembler à sa nutritionniste. Regard surpris. « Vous l’avez vue ? Elle est grise. Franchement : elle a l’air de sourire quand elle se pince, elle a les cheveux ternes, le teint terne, l’humour terne. Non mais sérieux, elle fait peur ! Vous êtes sûre qu’elle est bien placée pour donner des conseils ? Moi, je crois que c’est d’un bon steak qu’elle a besoin ! » Suite à cette réflexion, avec laquelle la gynéco, hilare, a visiblement été d’accord, j’ai été dispensée de visites avec la nutritionniste.

Quinze ans plus tard, revoilà donc « on-les-bons-conseils ». Et encore une fois, il s’agit d’une personne grise. Hasard ou fatalité ? Je me pose des questions : Est-ce que tous les gens en bonne santé sont gris ? Il me semblait pourtant le que le bêta-carotène était bon pour le teint… Est-ce que seuls le saucisson, le vin et le chocolat donnent bonne mine ? Ou alors c’est la frustration qui rend fadasse, terne, limité anémié, l’air d’avoir un poireau enfoncé dans l’c… ?

Est-ce que des scientifiques se sont penchés sur le sujet ? Et les militaires ? Parce que si ça se trouve, la réponse à toute cette violence galopante est là : si ça se trouve tous les gens aigris, agressifs, cons, ne sont pas foncièrement méchants : ils ont peut-être juste faim. Ils sont peut-être juste nutritionnellement frustrés. Ils manquent de sucre, de gras, de vie.

Si ça se trouve, les éclairs au chocolat pourraient sauver le monde…

Andréa, en pleine réflexion…