Ahhhhhhhhh y’avais
longtemps… Longtemps qu’on n’avait pas eu une réflexion-à-la-con. Et pourquoi
qu’on avait plus eu de réflexions-à-la-con ? Parce que l’ado avait fait un
effort, elle avait pris sur elle et cessé de feignasser : elle avait
repris le sport à l’école.
En octobre, on avait revu
le spécialiste et il avait dit, je cite : « on va tenter avec une
semi-dispense ». Donc, j’avais pris rendez-vous avec la prof – et repris
mon bâton de pèlerin – pour expliquer le cas de mon ado. Coup de bol, cette année,
sa prof était une p’tite nana super sympatoche, qui, je dois l’avouer a fait
très attention aux genoux de mon bébé.
Mais, à l’aube du 3e
trimestre, le programme prévoyait un cycle foot et rugby. Ça sentais le cramé
pour les genoux. Nous sommes donc retournées voir le spécialiste pour connaitre
son avis. Et là, catastrophe. Son verdict a été sans appel : ça ne va pas
du tout, qu’il a dit. Les genoux sont en piteux état, non seulement le foot et
le rugby c’est « niet », mais en plus y’a plus de sport du tout.
Repos total. Kiné spécialisé. La totale…
Ce matin, après 15 jours
de vacances, l’ado va au bureau faire valider sa dispense. Et là, elle a eu
droit à la petite leçon de morale maison.
-
Hélène m’a dit de faire bien attention
pour le brevet, de voir s’il ne me restait pas des épreuves à faire. Parce que
du coup si je ne les fais pas ça va me pénaliser. C’était gentil de sa part.
-
Non.
-
Quoi non ?
-
Non, ce n’était pas gentil de sa part.
-
Ah ?!
-
Ça veut dire que si tu n’as pas déjà
toutes tes notes, tu vas être pénalisée pour le brevet, et ? qu’est-ce
qu’on peut y faire ? Que tu sois pénalisée ou pas c’est comme ça, on n’y
peut rien. Tu ne peux pas faire de sport. Donc, encore une fois, elle essaie de
te culpabiliser genre « dis donc ma cocotte faudrait voir de faire un effort,
c’est pour le brevet ! Le coup de la dispense du 3e trimestre,
quand il fait beau et chaud, on me l’a déjà faite. Tu glandouilleras pendant
les vacances ». Ce n’est pas « gentil ». C’est con.
-
J’avais pas vu sa comme ça…
Justement, c’est bien là
le cœur du problème : elle n’a pas vu ça comme ça. Du haut de ses 14 ans,
elle prend les choses au pied de la lettre. Elle écoute, elle obéit. Et qu’on
puisse manipuler un enfant comme ça, je vous le dis franchement : ça me
dézingue. Y’en a qui tire au flanc, y’en aura toujours, on l’a tous fait à un
moment ou à un autre et je ne dis pas – pas du tout – que mon ado est parfaite
et qu’elle n’est pas partisane du moindre effort. C’est une ado. Mais là, ça
fait 4 ans qu’on leur explique qu’elle NE PEUT PAS faire de sport et c’est
toujours pas rentré dans leurs têtes.
-
Et je vais même te dire mieux, ça fait 4
ans, qu’on te rabâche que ta dispense va poser problème pour le bac. Que tu
seras obligée de faire l’épreuve de sport ! 4 ans qu’on t’explique – qu’on
nous explique – que c’est en quelque sorte une fleur qu’ils te font, en te
laissant tirer au flanc, parce que c’est le collège et que du coup c’est pas
trop grave. Mais qu’ils ne sont pas dupes : que ça se voit que tu n’as
rien. Et que c’est juste parce que tu n’aimes pas le sport, que ta chieuse de
mère (qui ne peut rien te refuser) te fait dispenser. Ta mère d’ailleurs, qui fait
son intéressante, pour de montrer qu’elle est connue et que donc elle ne suit
pas les règles imposées aux communs des mortels. Tellement connue, la mère,
qu’elle a des médecins complaisants pleins les poches. Genre… ça montre bien
tout le crédit que ces gens portent au monde médical. Ils savent sûrement
beaucoup mieux que les médecins. Parce que eux, ils ont de l’expérience, ils
voient des tire au flanc toute la journée, ils savent les repérer. C’est des
malins. Alors tu vas être pénalisée pour le bac ? Ohhhhh… Ils font comment
les handicapés ? les vrais, je veux dire, ceux qui sont en fauteuil, par
exemple ? Eux aussi ça leur pose problème et néanmoins ils passent le bac
quand même et y’en a même qui l’ont. Alors voilà : on fera pareil. Et si
ça te pénalise pour le brevet, le permis, ou pour aller sur la lune et bin on
verra au cas par cas et on fera au mieux. Mais une chose est sure : dans
tous les cas de figure, on se passera de l’avis de cette dame, et des autres.
Sont
forts dans ce collège, forts pour me mettre en colère.
de l’Education Nationale