A toi, oui
toi aussi, qui passe tous les soirs, vers 9 h, devant chez moi en faisant
gueuler tes pneus en freinant, comme un bourrin, à la dernière seconde avant le
virage.
A vous tous,
qui vous croyez partout sur un circuit, qui vous pensez immortels,
super-pilotes, au-dessus des lois de la physique.
Et à toi,
surtout à toi, qui descend de ta bagnole les couilles en avant et qui te cache
derrière cette citation : « conduire vite et mourir jeune »,
tellement pratique… Je voudrais te dire ceci :
N’est pas
James Dean, qui veut.
Oui James
Dean est une icône de jeunesse éternelle, de destin brisé toussa toussa.
Tellement glamour…
Mais :
il est mort. Et crois-moi ou qu’il soit, il s’en tape d’être une icône.
De plus,
James Dean était le p’tit gars qui monte, au moment de sa mort. La starlette du
moment, américaine qui plus est. Toi, tu es quoi ? Un français bedonnant,
qui bosse pour le smic et qui met tout son pognon dans sa caisse. Es-tu
seulement jeune ? Quand bien même tu serais aussi beau que James, aussi
célèbre, pourquoi pas, je te le répète : pour devenir une icône, il faut
être mort.
Enfin, James
doit quand même une bonne partie de son statut à sa voiture. Tout le monde n’a
pas entre les mains une Porsche 550 Spyder (prénommée Little Bastard, je te
laisse chercher la traduction). Aussi iconique que lui, cette pure voiture des
années 50 (produite entre 53 et 56), au design craquant, allait vite certes
mais elle avait les défauts de ses qualités une tenue de route aléatoire et un
freinage approximatif. Il fallait savoir piloter (et non pas seulement
conduire) pour dompter la bête. Autrement dit rien à voir avec ta caisse –
quelle que soit sa marque – avec ses ABS, ESP, DST, correcteur de trajectoire,
systèmes anti-collision, détecteurs de ceci-cela… et autres airbags.
Tu vois, la
différence entre un pilote et un conducteur est là : le premier se tue
parce l’indomptable machine lui a échappé, l’autre parce qu’il a été un
blaireau présomptueux (en langage commun : qu’il s’est pris pour un boss).
Sache pour
conclure, que si quelques-uns des meilleurs pilotes sont au cimetière (Ayrton
Senna, Jules Bianchi, Jim Clark et les autres) les cimetières sont surtout
remplis de cons comme toi.
Andréa
PS : Si
tu dois te tuer un jour, fais le seul. Tache au moins de ne pas embarquer les
autres dans ta folie.